Une histoire industrielle au service de la souveraineté monétaire

Un siècle d’histoire industrielle

C’est au début des années 1920 que la Banque de France prend une décision déterminante pour l’avenir de la filière fiduciaire française : centraliser la production du papier destiné aux billets de banque. Jusque-là, cette fabrication était dispersée entre différents sites, notamment en région parisienne. Or, cette zone, marquée par les conflits successifs du début du XXᵉ siècle, apparaissait vulnérable face aux risques géopolitiques. La Banque de France choisit donc d’implanter un site papetier stratégique à Vic-le-Comte, en Auvergne, au cœur d’un territoire industriel réputé pour son savoir-faire.

La Papeterie de Vic-le-Comte entre officiellement en production en 1923. Dès lors, elle devient le pilier de la souveraineté monétaire française, en assurant l’approvisionnement continu en papier fiduciaire. En parallèle, la Banque de France installe son Imprimerie à Chamalières, à une vingtaine de kilomètres. Ce duo industriel — la papeterie pour la fabrication du papier et l’imprimerie pour l'impression des billets — constitue depuis près d’un siècle l’ossature de la chaîne de production monétaire française, puis européenne avec l’introduction de l’euro. 

Une ambition industrielle tournée vers l’Europe

Si Vic-le-Comte s’est imposée comme un site incontournable au niveau national, son rôle a pris une nouvelle dimension au XXIᵉ siècle. Avec la création en 2015 d’EUROPAFI, filiale de la Banque de France dédiée au papier fiduciaire, l’ambition affichée est claire : faire du site auvergnat un acteur central de l’Eurosystème et l’un des producteurs les plus modernes d’Europe.
Cette transformation s’inscrit dans une stratégie industrielle de grande ampleur. Il ne s’agit plus seulement de répondre aux besoins nationaux, mais de positionner la France comme un leader européen dans la production de papier fiduciaire. EUROPAFI vise ainsi à pérenniser l’expertise accumulée depuis un siècle tout en s’ouvrant à la coopération internationale. Le modèle de production intégré, qui associe maîtrise technologique et sécurité renforcée, constitue un atout majeur dans un secteur où la fiabilité et la confiance sont essentielles.
Depuis 2015, près de 100 millions d’euros ont été investis pour moderniser et renforcer la compétitivité du site. Ces investissements se traduisent par des équipements de pointe : une machine à papier à très haute performance, deux ateliers de préparation de pâte — dont l’un permet l’intégration de fibres alternatives au coton pour diversifier les approvisionnements — et une ligne de découpe-conditionnement automatisée. Grâce à ces innovations, EUROPAFI a porté sa capacité de production à 6 000 tonnes par an, garantissant une réponse adaptée aux besoins du marché international.

Un savoir-faire au service de la sécurité monétaire

La spécificité du papier fiduciaire réside dans son haut niveau de sécurité. Contrairement au papier classique, celui destiné aux billets de banque intègre dès sa fabrication une partie des dispositifs de protection. À Vic-le-Comte, la moitié des signes de sécurité d’un billet (filigranes, fils de sécurité, éléments visuels ou tactiles) sont directement incorporés dans le papier. L’autre moitié est ensuite ajoutée par les imprimeurs, notamment l’Imprimerie de Chamalières. Ce processus garantit une fiabilité maximale et une protection efficace contre la contrefaçon.

Un pilier de souveraineté et de confiance

Au-delà des chiffres et des performances, le rôle de Vic-le-Comte et d’EUROPAFI dépasse la simple production industrielle. La filiale incarne la volonté de la Banque de France, et plus largement de l’Eurosystème, de préserver une souveraineté monétaire européenne fondée sur l’indépendance, la sécurité et la maîtrise technologique.
En alliant héritage historique, excellence technique et innovation durable, la Papeterie de Vic-le-Comte s’impose aujourd’hui comme un acteur stratégique au service de l’Europe et de la confiance des citoyens dans leur monnaie.

Une filiale stratégique au cœur de l’Eurosystème

L’histoire industrielle de Vic-le-Comte, en Auvergne, s’inscrit dans une longue tradition papetière. Depuis 1923, cette unité s’est consacrée à la production de papiers spéciaux, en particulier pour les besoins fiduciaires. Mais c’est en 2015 qu’un tournant décisif intervient avec la création d’EUROPAFI, filiale papetière de la Banque de France. Cette évolution n’est pas seulement une restructuration administrative : elle traduit une volonté forte de consolider l’autonomie stratégique de la zone euro en matière de production de papier fiduciaire, ressource essentielle à la fabrication des billets.

Une transformation au service de la souveraineté monétaire

La naissance d’EUROPAFI marque en effet une étape significative dans la politique industrielle et monétaire de la Banque de France. En dotant son unité d’une filiale dédiée, elle se donne les moyens d’accroître son efficacité, de moderniser ses outils et de se positionner au cœur des enjeux européens. L’objectif est double : garantir une indépendance vis-à-vis des acteurs extérieurs et renforcer la compétitivité d’une filière stratégique, dans un secteur où la sécurité et la qualité sont non seulement des exigences, mais de véritables impératifs.

Une coopération renforcée au sein de l’Eurosystème

L’ambition de ce projet a rapidement trouvé un écho auprès des partenaires européens. Dès septembre 2017, trois grandes institutions rejoignent le capital d’EUROPAFI : la Banque d’Italie, la Banque nationale d’Autriche et la Banque du Portugal. Cette alliance structurante transforme l’entreprise en un acteur central de l’Eurosystème, dépassant le cadre national pour devenir une référence commune. À travers ce partenariat, c’est une véritable dynamique de coopération qui se met en place, fédérant les compétences, les moyens et les savoir-faire autour d’une mission partagée : assurer la stabilité, la sécurité et la souveraineté de la monnaie européenne.

L’intégration d’EUROPAFI dans cette architecture collective illustre parfaitement la logique d’interdépendance maîtrisée qui caractérise l’Eurosystème. Chaque banque centrale conserve sa mission nationale, mais l’union des forces permet de consolider l’ensemble. EUROPAFI devient ainsi un pôle papetier stratégique, garant de l’excellence technique et de la continuité d’approvisionnement en papier fiduciaire.

Excellence technique et engagement durable

Au-delà de l’aspect technique, cette organisation traduit une vision politique : celle d’une souveraineté monétaire européenne incarnée par l’euro. La monnaie commune n’est pas seulement un instrument économique, c’est aussi un symbole d’unité et de confiance. En maîtrisant l’ensemble de sa chaîne de production, de la conception à l’impression, l’Eurosystème affirme sa capacité à protéger cet actif collectif. EUROPAFI, par sa spécialisation et son expertise, participe directement à ce projet d’intégration et de stabilité.
L’entreprise, en s’appuyant sur près d’un siècle d’expérience industrielle, poursuit également une dynamique d’innovation. Les investissements consentis depuis sa création visent à moderniser les procédés, optimiser la consommation des ressources et intégrer des pratiques respectueuses de l’environnement. Dans un contexte où la transition énergétique et la responsabilité sociétale des entreprises prennent une importance croissante, EUROPAFI s’attache à conjuguer performance industrielle et engagement durable.
Ainsi, la filiale papetière de la Banque de France se positionne comme un acteur incontournable dans l’équilibre entre tradition et modernité. Elle s’appuie sur un héritage historique tout en répondant aux défis contemporains, qu’ils soient technologiques, environnementaux ou géopolitiques. Sa mission dépasse la simple production : elle incarne la volonté européenne de maîtriser des savoir-faire sensibles, de garantir la sécurité des échanges et de préserver la confiance dans l’euro.

Un pilier stratégique pour l’avenir européen

En définitive, la création d’EUROPAFI et son ouverture aux partenaires européens traduisent une ambition claire : faire de Vic-le-Comte non seulement un site industriel de référence, mais aussi un pilier stratégique de l’Eurosystème. Ce choix illustre la conviction que l’excellence technique et la coopération sont les clés de la souveraineté monétaire et de la résilience européenne.